L’estuaire de la Gironde côté nord : sentiers, ports et carrelets

Imposant par son ampleur (plus de 600 km², plus vaste estuaire d’Europe occidentale, Observatoire de l’Estuaire de la Gironde), l’estuaire façonne la rive nord de la Haute Gironde. On y approche la nature au fil de balades qui conjuguent patrimoines, faune, panorama et atmosphères singulières.

  • De Blaye à Saint-Androny : Deux itinéraires piétons sont emblématiques : la « Véloroute de l’Estuaire » (ligne verte sur cartes IGN) et le GR®360 longeant la côte. Du port de Blaye, on suit les berges, les carrelets de pêche perchés sur pilotis, puis les prairies salées jusqu’à Braud-et-Saint-Louis ou Saint-Androny. Lieux d’intérêt : la citadelle de Blaye inscrite à l’UNESCO, le charmant port de Callonges, et le site naturel du Marais du Conseiller.
  • L’île Nouvelle : Depuis le port de Blaye, l’île Nouvelle est accessible en navette en saison (d’avril à octobre). Cette île redevenue sauvage depuis les crues et l’abandon de l’agriculture au XXe siècle, accueille aujourd’hui roselières, prairies, sentiers balisés, affûts ornithologiques et ruines agricoles à ciel ouvert. (Conseil départemental de la Gironde)
  • La route des ports : Entre Saint-Seurin-de-Cursac et Braud-et-Saint-Louis, plusieurs petits ports typiques sont accessibles en voiture, à vélo ou à pied : Port des Callonges, Port de Goulée, Port de Plagne. Chacun a son histoire liée au commerce du sel, du vin ou à la pêche, et offre des perspectives dégagées sur l’estuaire, ses huttes à carrelet, et ses marées puissantes.

La vallée de la Dordogne en Haute Gironde : entre prairies alluviales et villages perchés

Sur la partie sud-est du territoire, la Haute Gironde s’adosse à la vallée de la Dordogne. Ici, la rivière s’élargit après Libourne, traversant de vastes prairies et des vignobles réputés.

  • Bourg-sur-Gironde : Ce village qui domine la Dordogne par sa situation sur falaise, offre des points de vue inédits sur les méandres de la rivière. Les balades alternent chemins de halage (depuis le port) et ruelles pentues, ponctuées de lavoirs et de caves voûtées.
  • Gauriac et la route de la corniche fleurie : Entre Gauriac et Villeneuve, la petite route en surplomb, dite « corniche », dévoile falaises calcaires, maisons troglodytes, jardins suspendus et cabanes de pêcheurs. C’est l’un des tronçons les plus pittoresques de la rive, particulièrement au printemps pour la floraison abondante.
  • Prairies et zones agricoles humides : Les prairies alluviales s’étendent de Prignac-et-Marcamps à Bayon-sur-Gironde. Ces espaces, régulièrement inondés, abritent une flore d’intérêt (iris, fritillaires) et servent de halte à de nombreux oiseaux migrateurs (hérons, spatules, oies cendrées en hiver).

Forêts accessibles : de la Double Saintongeaise aux bois de Cubnezais

Malgré sa réputation de terre de vignobles et de marais, la Haute Gironde conserve de notables surfaces boisées. On y trouve à la fois des forêts communales ouvertes à la marche et des massifs d’intérêt écologique particulier :

  • La Forêt de la Double Saintongeaise : Frange nord-ouest du territoire près de Saint-Savin et Donnezac, elle prolonge la Double charentaise. Mélanges de chênes, de pins et de feuillus, elle propose plusieurs sentiers accessibles (boucles balisées, aire du Maine-Mandard). C’est un secteur propice à la randonnée équestre ou VTT.
  • Bois de Cubnezais-Grignols : Ces boisements plus humbles sont bien connus localement pour leurs balades familiales, la cueillette des champignons (cèpes, girolles dès septembre) et la discrétion de leur faune (chevreuil, renard, écureuil roux).
  • Bois du Taillan et du Vignaud : Petits massifs ouverts à la promenade, typiques des confins entre plaine agricole et bois humide, notamment à proximité de Saint-Gervais ou Reignac.

Marais et zones humides : patrimoine naturel et mémoire rurale

Les marais de Haute Gironde témoignent d’une histoire agricole et hydraulique millénaire. Simultanément refuge pour la biodiversité et réserve d’eau, ils révèlent leur richesse à qui sait prendre le temps d’observer.

  • Marais de Braud-et-Saint-Louis : C’est l’une des plus vastes zones humides du département (près de 1 400 hectares, CD Gironde). Caractérisé par ses fossés, roselières, boisements et prairies, il s’explore depuis la Maison du Marais et par des sentiers aménagés (tables d’observation, belvédères sur les colonies d’oiseaux). On y croise parfois cigognes, cistudes d’Europe, grenouilles vertes et orchidées rares.
  • Marais du Conseiller à Saint-Ciers-sur-Gironde : Site protégé labellisé Espace Naturel Sensible, il offre une mosaïque de milieux (roselière, prairies inondées, boisements humides…) propices à l’accueil de la loutre et de la guifette noire.
  • Marais de Plagne : Près de Saint-Androny, accessible depuis la route des ports, ce site peu fréquenté présente bassins, digues anciennes, et un réseau de canaux entretenus par les « syndicats des marais ». Patrimoine des anciens polders, il reste le domaine du héron et du ragondin.

Où observer la biodiversité en Haute Gironde ?

  • L’île Nouvelle : Transformée en réserve naturelle départementale, l’île est un site privilégié pour la faune avicole : on y recense plus de 180 espèces différentes d’oiseaux (dont aigrettes, cavaliers, échasses blanches, cigognes, busards…). Belle diversité également de libellules, amphibiens, reptiles. (CD Gironde)
  • Marais de Braud : Outre les oiseaux, on observe ici des colonies remarquables de papillons, crapauds calamites, loutres d’Europe et cistudes (petites tortues d’eau douce protégées).
  • Zones bocagères du Blayais : Curieux contraste avec la monoculture, les haies, prairies et petits bois de la partie centrale du territoire (Braud, Saint-Savin, Étauliers) abritent chevêches, pies-grièches, renards, lézards verts, et plusieurs espèces d’orchidées indigènes (Orchis bouc, Orchis pourpre).

Plusieurs associations locales proposent des sorties ornithologiques et naturalistes, notamment lors de la Nuit de la Chouette (LPO, Cistude Nature) et pendant la Fête de la Nature organisée dans le Blayais.

Les plus beaux panoramas sur la Haute Gironde

  • Point de vue de la citadelle de Blaye : Surplombant l’estuaire à près de 45 mètres, la terrasse de la citadelle Vauban dévoile l’embouchure de la Dordogne, l’île Nouvelle et, par temps clair, les côtes médocaines.
  • La corniche de Bourg : De la place du château ou depuis les ruelles en hauteur, le regard file entre les toits, la rivière et les coteaux couverts de vignes. Idéal pour les photos au coucher du soleil.
  • Coteaux de Plassac et Bayon : Sur le sentier des vignobles, on découvre une succession de belvédères naturels sur la Dordogne et ses bras morts.
  • Le moulin de Lansac : Depuis ce moulin restauré, vue ouverte sur la vallée de la Garonne, les vignobles du Bourgeais, et même sur Bordeaux par temps très clair.
  • Panorama de Saint-Paul : En limite d’estuaire et de marais, un terrain en hauteur offre un large panorama sur la confluence, la lande et les zones humides du delta.

Paysages viticoles : trois nuances locales

La Haute Gironde est reconnue pour ses vignobles historiques — Côtes de Bourg, Blaye Côtes de Bordeaux, Premières Côtes de Blaye. Les paysages viticoles s’y distinguent en plusieurs ensembles bien typés :

  1. Bourgeais : coteaux étroits et villages-vignerons Autour de Bourg-sur-Gironde, de petits clos en terrasses, murs de pierre sèche et maisons de vignerons en enfilade épousent la pente. Les routes sinueuses livrent des vues sur la Dordogne, parmi les plus photographiées du Bordelais.
  2. Blayais : plateaux ouverts et châteaux viticoles À l’ouest de Blaye, les parcelles sont plus larges, ponctuées de pin maritime isolés et d’imposants domaines. Ce sont les terres du merlot, du cabernet et du sauvignon blanc. Les fermes fortifiées rappellent encore la nécessité d’autrefois de protéger les récoltes et le vin.
  3. Saint-Gervais-et-Gauriac : fleuve, murets et vignes suspendues Ici, la proximité directe du fleuve conduit à des vignes littéralement accrochées au-dessus de la Dordogne, avec de nombreux jardins suspendus et micro-parcelles.

Les sentiers balisés des appellations (balisage jaune, disponibles sur Tourisme Haute Gironde) sont idéaux pour explorer ces lieux à pied ou à vélo.

Coteaux et plateaux calcaires : paysages ouverts et diversité géologique

La Haute Gironde est marquée par sa géologie : coteaux et plateaux calcaires structurent le paysage entre Gauriac, Bourg, Saint-Trojan, Lansac et Mombrier. Ces reliefs, nés de sédimentations marines du Jurassique et du Crétacé (source : BRGM), favorisent l’alternance de pentes vives et de plateaux ouverts. Ce sont des terres argilo-calcaires, idéales pour la vigne.

  • Découvrir les coteaux :
    • Chemin du « Belvédère » à Bourg : 3 km de sentier vallonné, signalétique sur la géologie et la faune.
    • Le « Coteau de la Garenne » à Gauriac, reconnu pour ses éboulis calcaires, bénéficie d’un sentier de découverte.
  • Exploration des plateaux : Sur la route de Saint-Ciers-de-Canesse à Samonac, succession de plateaux en clairières, cultures céréalières, quelques vergers, et panoramas dégagés jusqu’à l’estuaire.

Espaces naturels protégés ou classés en Haute Gironde

Plusieurs sites du territoire bénéficient d’une protection spécifique en tant qu’Espaces Naturels Sensibles (ENS), Zones Natura 2000 ou Réserves Naturelles :

Nom du site Statut Particularités
L’île Nouvelle ENS / Natura 2000 Oiseaux migrateurs, roselières, forêt inondable
Marais de Braud-et-Saint-Louis ENS / Natura 2000 Zone d’accueil des limicoles, loutres, flore rare
Marais du Conseiller ENS Loutre, héron, amphibien, sentier pédagogique
Bois de Bègues (St-Androny) Natura 2000 Chênes, faune forestière préservée

La gestion est assurée selon les sites par le Département, la commune ou une association spécialisée. Les accès sont réglementés selon les périodes pour respecter la tranquillité de la faune (en particulier sur l’île Nouvelle à l’approche du printemps).

Particularités géologiques du territoire haut-girondin

La Haute Gironde possède quelques singularités notables du point de vue géologique :

  • Coteaux calcaires : Sur la frange orientale, les affleurements du calcaire à astéries (Crétacé) sont typiques et facilement repérables par la blancheur des falaises à Bourg, Gauriac, Lansac. Ces formations recèlent parfois fossiles et coquillages, témoins d’une mer ancienne.
  • "Terres noires" du Blayais : Plus au nord, près de Saint-Christoly-de-Blaye, on rencontre des sols argilo-limoneux appelés localement "palus" réputés pour la culture du maïs, des peupliers et, autrefois, du tabac.
  • Dunes anciennes et sables sur la Double : La forêt de la Double présente des sols acides, issus de dépôts sableux tertiaires, d’où la spécificité de sa végétation (bruyères, pins maritimes, chênes tauzins).
  • Zones alluviales et sablo-limoneuses : Sur les rives estuariennes, la dynamique de dépôts liée aux marées et aux crues reste très visible : formation de "bosses", de bancs sableux, alternance de sols organiques et minéraux, source d’une grande diversité biologique.

Un territoire riche et toujours à parcourir

L’espace naturel haut-girondin se prête à l’exploration tout au long de l’année, que l’on cherche l’ombre des bois, la fraîcheur des marais, la lumière rasante sur les vignes ou les horizons mouvants de l’estuaire.  Plusieurs itinéraires thématiques (randonnée, vélo, canoë, balades accompagnées) sont proposés par l’Office de tourisme (Tourisme Haute Gironde). L’attention portée à la préservation de la biodiversité et à la valorisation du patrimoine naturel fait de la Haute Gironde un terrain d’observation privilégié pour qui souhaite comprendre et respecter les équilibres d’un territoire vivant.

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