L’estuaire de la Gironde : un territoire façonné par l’eau et la diversité

L’estuaire de la Gironde, le plus vaste d’Europe occidentale avec ses 75 km de long et parfois plus de 12 km de large, s’étend de Bordeaux jusqu’à l’Atlantique. Sa partie nord, en Haute Gironde, est une mosaïque de paysages : rives ponctuées de carrelets (ces célèbres cabanes de pêcheurs), coteaux viticoles, marais abritant une biodiversité remarquable, et forêts domaniales. Le site fait partie du réseau Natura 2000, ce qui témoigne de sa richesse écologique (source : Natura 2000).

Découvrir l’estuaire, c’est s’offrir un éventail de balades adaptées à tous : du sentier familial à la randonnée sportive, en passant par l’observation de la faune, à pied ou à vélo. Plusieurs communes du territoire – Blaye, Bourg, Saint-André-de-Cubzac, Braud-et-Saint-Louis, Saint-Ciers-sur-Gironde… – constituent des points de départ privilégiés. Voici un tour d’horizon pratique et argumenté pour mieux s’orienter dans cette offre dense et souvent peu connue.

Les sentiers balisés incontournables en Haute Gironde

Le réseau de sentiers balisés de Haute Gironde est géré en partie par le Conseil départemental, les intercommunalités et différentes associations locales. Plusieurs circuits sont recensés sur le portail officiel Gironde Tourisme, mais certains, méconnus, valent aussi le détour.

  • Le Sentier de la Corniche de Gironde : ce parcours emblématique relie Bourg à Villeneuve, sur 7 km environ, longeant la Dordogne avant que celle-ci ne se jette dans l’estuaire. Il serpente au pied des falaises, traverse hameaux typiques et domaines viticoles, et offre des vues impressionnantes sur le fleuve. Points forts : la découverte de grottes troglodytiques et de panoramas sur les îles de l'estuaire (infos : Gironde Tourisme).
  • Le Tour du Marais de Braud : ce parcours balisé de 13 km s’enfonce dans la réserve naturelle des marais, au départ du Pôle Nature de Vitrezay. Zone majeure pour l’observation des oiseaux migrateurs (plus de 180 espèces recensées par la Ligue de Protection des Oiseaux), et de petites écluses traditionnelles. Idéal du printemps à l’automne.
  • Les Boucles de la Citadelle : autour de la citadelle de Blaye (inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO), ces courtes boucles (de 2 à 8 km selon les variantes) permettent de combiner patrimoine, nature et vues sur l’estuaire. Ne pas manquer la traversée du site Vauban, les sentiers à travers vignes vers Plassac ou Saint-Paul.
  • Le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle – Voie de Tours : la section locale du mythique GR®655 passe par Blaye, puis longe l’estuaire en partie, traversant forêts et villages. C’est un itinéraire long, mais que l’on peut parcourir par tronçons. Le balisage « coquille jaune sur fond bleu » permet de bien se repérer.

À noter : la Haute Gironde compte à ce jour plus de 450 km de sentiers balisés ouverts au public (source : Gironde Tourisme).

Parcours à vélo : la Haute Gironde, parenthèse cyclable de l’estuaire

Avec ses reliefs doux et ses petites routes champêtres, la Haute Gironde est propice à la découverte cycliste. Plusieurs itinéraires sécurisés séduisent aussi bien les familles que les amateurs de longues distances.

  • Le Canal des Deux Mers à Vélo (V80) : Cette véloroute euro-régionale traverse la Haute Gironde sur son axe Bordeaux-Blaye. Elle longe d’abord la Dordogne, traverse le vignoble et emprunte parfois l’ancienne voie ferrée de Lapouyade à Blaye transformée en piste cyclable. En chemin, on croise le port ostréicole de Plassac, la citadelle de Blaye, puis la campagne de Saint-Ciers-sur-Gironde.
  • Les « petits circuits Blayais » : de nombreuses boucles cyclables, balisées par la Communauté de Communes de Blaye, font de 21 à 38 km (par exemple la boucle “Entre vignes et rivière”, la boucle “Au fil de l’estuaire”…). Ces circuits passent par les domaines viticoles du Blayais-Côtes de Bordeaux et longent régulièrement l’estuaire avec de beaux points de vue.
  • La Voie Verte de Braud-et-Saint-Louis à Etauliers : ce tronçon familial, long d’environ 10 km, suit l’ancienne voie ferrée et serpente entre marais, étangs, forêts, offrant un environnement sécurisé et ombragé, parfait pour les enfants.

D’après le Schéma Départemental des Itinéraires Cyclables, le territoire s’est doté de plus de 85 km de voies vertes et pistes cyclables à ce jour (source : Département de la Gironde).

Observation et balades ornithologiques autour de l’estuaire

L’estuaire de la Gironde est une étape majeure pour la migration des oiseaux d’eau et des limicoles. Outre les marais du Pôle-Nature de Vitrezay (Braud-et-St-Louis), deux autres sites se démarquent :

  • Les marais de Saint-Ciers-sur-Gironde : zone humide d’intérêt national, classée Espace Naturel Sensible, ces marais hébergent chaque année cigognes blanches (environ 60 nids), hérons pourprés et busards des roseaux. Animations naturalistes proposées au printemps et à l’automne, observatoires en accès libre.
  • Le site du port des Callonges : au pied de l’estuaire, ce port de pêche donne accès à des zones de prairies humides riches en passereaux, canards souchets, grèbes et balbuzards au printemps… La Maison de l’Estuaire propose des sorties accompagnées ponctuelles (Pôles Nature Charente-Maritime).

Au total, on estime à 220 le nombre d’espèces d’oiseaux observées sur le secteur de l’estuaire girondin chaque année (source : LPO Nouvelle-Aquitaine).

Le secret bien gardé : randonnées en « îles » et traversées fluviales

Peu de gens le savent : l’estuaire compte plusieurs îles accessibles, à la belle saison, par des navettes fluviales. Elles offrent des expériences uniques, au plus près de l’eau, en pleine nature sauvage.

  • L’île Nouvelle : située en face de Blaye, cette île de 265 hectares, propriété du Conservatoire du littoral, est presque entièrement consacrée à la préservation de la faune et de la flore. Sentier d’interprétation sur caillebotis, visites guidées, aires de pique-nique, zone d’observation ornithologique. Les navettes partent de Blaye d’avril à octobre seulement (Gironde.fr).
  • L’île Patiras : plus en aval, côté Médoc, mais accessible à la belle saison en navette depuis Blaye. Son phare classé et panoramique, ses jardins restaurés, et une balade paisible entre prairies, boisements et prairies humides font son originalité.
  • Traversées Blaye-Lamarque : la liaison en bac Blaye-Lamarque (30 min de traversée) permet non seulement de rejoindre le Médoc à vélo ou à pied, mais aussi de découvrir le paysage estuarien à hauteur d’eau, entre vasières et carrelets.

Ces « circuits des îles » attirent chaque année environ 25 000 passagers (donnée : Gironde Tourisme, statistiques 2023).

Se repérer et organiser sa découverte : cartes, conseils pratiques, ressources locales

Quelques recommandations pour profiter pleinement des circuits, surtout si l’on souhaite sortir des sentiers battus :

  • Se procurer les fiches et cartes topographiques : disponibles à l’office du tourisme de Blaye, à celui de Bourg, aux Pôles Nature (Vitrezay…), ou en ligne sur le portail Gironde Rando.
  • Vérifier la praticabilité des sentiers après les crues hivernales ou lors de travaux – certaines sections de digue peuvent être ponctuellement fermées (infos sur Gironde.fr).
  • À vélo, privilégier les itinéraires répertoriés et bien balisés : le marquage est en général conforme aux standards français (“Véloroute” = V sur fond vert). Des bornes de réparation vélo sont installées à Blaye, Bourg et Braud-Vitrezay.
  • En période estivale, les traversées vers les îles sont à réserver à l’avance (nombre de places limité, pas de service tous les jours).
  • Observer la réglementation de la réserve naturelle : pas de cueillette, chiens tenus en laisse hors des zones autorisées, usage des sentiers matérialisés.

Les accueils de sites et offices de tourisme mettent à disposition des livrets explicatifs sur la faune de l’estuaire, la géologie locale ou encore la petite histoire des villages riverains.

Focus sur quelques circuits coups de cœur peu connus

Au-delà des parcours balisés classiques, certains itinéraires sont portés par des habitants passionnés, des associations ou de jeunes entreprises locales. Souvent moins fréquentés, ils révèlent une Haute Gironde intime :

  • Le sentier de la Garonne oubliée : entre Bayon-sur-Gironde et Roque-de-Thau, ce parcours longe la rive, passe devant des falaises ocres, traverse d’anciens ports de pêche, et débouche sur de minuscules criques à marée basse. À faire à pied, prévoir des bottes si récent coefficient élevé (source : Association Estuaire 33).
  • La boucle des étangs d’Etauliers : non loin de Saint-Ciers, une boucle d’environ 8 km permet de découvrir une série d’étangs artificiels, devenus refuges de biodiversité, avec panneaux pédagogiques et aires d’observation de guifettes moustacs, espèce d’oiseau rare (Etangs d'Etauliers).
  • À la rencontre des lacs de Saint-Christoly-de-Blaye : anciens lacs de gravière, reconvertis pour l’accueil de pêcheurs, d’observateurs de la vie aquatique et d’amoureux du silence. Possibilité de randonnées naturalistes guidées sur réservation auprès de la mairie.

Le territoire se prête ainsi à une multitude de découvertes pour tous les publics, des promeneurs occasionnels aux naturalistes experts, en passant par les familles en quête de respiration.

Ouvrir la voie à de nouvelles découvertes

Au fil de ces itinéraires, la Haute Gironde révèle la singularité de l’estuaire, entre patrimoine vivant, zones de silence, mosaïque naturelle et traditions du quotidien. S’y balader, c’est entrer dans un paysage mouvant, fait d’eau, de lumière, d’oiseaux cachés, de vignes inclinées vers l’estuaire, et de rencontres toujours possibles avec celles et ceux qui façonnent ce territoire.

Pour approfondir : les sites Gironde Tourisme, Gironde Rando, Pôle Nature Vitrezay et les offices de tourisme locaux proposent régulièrement des programmations de balades accompagnées, d’animations naturalistes et de visites thématiques. L’Agenda Nature de Gironde recense une centaine d’événements chaque année dans la région (Agenda Nature Gironde).

Explorer l’estuaire, c’est renouer avec un environnement puissant et sage, où la nature et le temps dictent encore leur loi, à qui sait ralentir pour les observer.

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