La Haute Gironde, au nord du département, s’articule autour de l’estuaire de la Gironde, ponctuée de bourgs historiques, de forêts, de vignobles et de souvenirs industriels. Comprendre ce territoire implique de saisir la diversité de ses influences : antiques, médiévales, protestantes, portuaires, viticoles. Les musées et espaces d’interprétation servent de points d’ancrage, offrant des clés de lecture fiables et accessibles et complétant les ressources offertes par les balades ou les archives (source : Gironde Tourisme).
Ce musée de site retrace l’histoire millénaire de la poterie à Marcillac et Bourg-sur-Gironde, où des argiles locales furent exploitées dès l’Antiquité. On y découvre un patrimoine artisanal rarement mis en avant ailleurs, avec des collections issues de fouilles et de dons d’habitants. Parmi les pièces présentées, certaines datent de près de 2000 ans : amphores gallo-romaines, tuiles vernissées, céramiques de la période moderne.
Ce site, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (réseau Vauban), est à la fois un musée d’histoire locale et un vaste espace à ciel ouvert. La citadelle elle-même, conçue par Vauban à partir de 1685, illustre le rôle stratégique de la rive droite de la Gironde durant plus de trois siècles. Le musée abrite des objets militaires, des plans anciens, mais également des témoignages sur la vie quotidienne à Blaye à différentes époques.
Plus qu’un simple musée, ce centre entièrement rénové en 2018 propose de multiples supports pour appréhender l’estuaire, sa faune et sa flore, ses activités humaines d’hier à aujourd’hui : pêche à la pibale, élevage, navigation, gestion des zones humides.
Dans ce village longtemps au carrefour des routes de pèlerinage vers Saintes et Compostelle, la Maison du Patrimoine fait découvrir l’histoire des métiers locaux, les savoir-faire agricoles (blé, vignes, élevages) et le patrimoine rural à travers une scénographie sobre, à taille humaine. Des expositions temporaires mettent régulièrement en avant la mémoire des anciens et des témoignages filmés.
Plus confidentiel, ce lieu géré par une association d’anciens et d’historiens propose de comprendre le destin particulier du camp d’internement de Souge, actif de 1939 à 1945 puis utilisé par l’armée nationale. Le parcours muséographique s’appuie sur des archives, objets quotidiens, photos, lettres extraites de fonds privés.
Ce musée singulier invite à découvrir l’histoire industrielle locale à travers une collection de maquettes animées de bateaux, trains et véhicules ayant traversé la Haute Gironde. L’accent est mis sur la vie du port et des carrières, les migrations ouvrières, la mise en valeur de figures méconnues (contremaîtres, bateliers, ouvriers agricoles).
Ce tout petit espace propose un regard intimiste sur la vie des pêcheurs, l’évolution des techniques, la biodiversité littorale et la transmission des gestes. On y trouve des pirogues anciennes, des filets centenaires, des outils d’entretien des carrelets. Les bénévoles recensent encore aujourd’hui contes, chants, recettes, légendes orales attachées à l’estuaire.
Sur les cinq dernières années, la tendance est à la mutualisation entre musées, offices de tourisme et associations de mémoire locale, pour proposer des programmes transversaux, menaçant parfois la survie de petites structures isolées. L’itinéraire “De port en port sur l’estuaire”, lancé en 2022, relie par exemple les espaces d’interprétation de Vitrezay, Pauillac et Blaye, et favorise des lectures croisées du paysage.
À noter que le projet de rénovation du musée des beaux-arts de Blaye (fermé depuis 2019) a fait l’objet d’une concertation menée en 2023 pour réorienter sa collection vers l’art et la résistance locale durant l’Occupation (source : Sud Ouest, édition Blaye, juin 2023).
Les musées et espaces d’interprétation de Haute Gironde sont souvent portés par un tissu associatif dynamique et une volonté de transmettre. Chacun propose une porte d’entrée différente sur le territoire, selon ses centres d’intérêt : histoire militaire, culture populaire, nature, savoir-faire techniques, mémoire ouvrière ou récits intimes. Ils permettent de comprendre la Haute Gironde dans toutes ses dimensions, au-delà des clichés — et de s’enraciner pour un temps, quel que soit son parcours ou son attachement à la région.