Des origines antiques aux grands bouleversements : les grandes périodes de l’histoire haut-girondaise

Le territoire de la Haute Gironde, entre estuaire et coteaux, a connu une histoire dense, jalonnée de périodes marquantes qui ont forgé son identité. L’implantation humaine y remonte à la Préhistoire, comme en témoignent divers objets retrouvés sur la rive droite de la Dordogne et de la Garonne (source : Service régional d’archéologie Nouvelle-Aquitaine).

Les Gallo-romains s’y développent très tôt, profitant de la proximité de Burdigala (Bordeaux) et du fleuve pour leurs échanges commerciaux. On recense des vestiges de villas et de thermes notamment du côté de Plassac, où les mosaïques du III siècle ont été mises au jour (source : Conseil départemental de la Gironde).

L’époque médiévale représente une phase charnière, avec la construction des bourgs, des châteaux et des premières paroisses. Entre le XIII et le XV siècle, la Haute Gironde est marquée par la guerre de Cent Ans et l’alternance de domination anglaise et française, visibles aujourd’hui dans l’architecture militaire et religieuse.

Dernier grand temps fort, la période moderne (XVIII-XIX siècles) voit l’essor du commerce fluvial, la mise en valeur viticole et la construction des grandes demeures. La Seconde Guerre mondiale laissera également son empreinte, notamment avec la ligne de défense de l’estuaire.

Patrimoine bâti : monuments historiques incontournables

La Haute Gironde offre aux curieux plusieurs monuments exceptionnels, dont sept sont classés au titre des Monuments Historiques (source : Base Mérimée, Ministère de la Culture) :

  • La citadelle de Blaye (XVII siècle)
  • L'église Saint-Pierre à Plassac, remarquable par ses vestiges paléochrétiens
  • Le château des Rudel à Bourg
  • L’église Saint-Saturnin de Saint-Androny
  • Le prieuré de Cayac à Saint-André-de-Cubzac
  • Le dolmen de Peyrelevade à Saint-Ciers-sur-Gironde, rare témoignage mégalithique

À côté de ces sites, il existe une multitude de maisons de maîtres, d’anciennes fermes viticoles, de lavoirs et de moulins à eau ou à vent qui illustrent la vie rurale et économique du territoire.

Citadelle de Blaye : histoire, architecture, inscription à l’UNESCO

Symbole incontesté du patrimoine haut-girondin, la citadelle de Blaye domine l’estuaire. Son histoire commence sous l’Empire romain, mais c’est au XVII siècle que Vauban, mandaté par Louis XIV, construit l’actuel ouvrage pour contrôler le passage fluvial et protéger Bordeaux des incursions maritimes.

La citadelle, modèle d’architecture bastionnée, occupe 38 hectares et comporte plusieurs éléments remarquables :

  • Trois enceintes successives
  • Porte Royale et porte Dauphine
  • L’ancienne prison et les casernes
  • L’église Saint-Romain

En 2008, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au sein du Réseau des sites majeurs de Vauban (source : UNESCO) pour sa valeur universelle, son état de conservation et la démonstration de l’ingénierie du XVII siècle.

La citadelle accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs (chiffre : Office de Tourisme de Blaye, 2023). Elle sert aussi de cadre à des manifestations culturelles, marchés d’artisans et visites thématiques.

Villages et bourgs médiévaux : flâneries dans le temps

Plusieurs villages haut-girondins offrent un plongeon dans l’époque médiévale :

  • Bourg-sur-Gironde : ruelles pentues, remparts, portail de ville, château des Rudel et l’ancien port de pêche
  • Saint-Seurin-de-Bourg : un site dominant l’estuaire, réputé pour sa petite église romane
  • Plassac : vieux bourg, mosaïques gallo-romaines, château remanié à la Renaissance
  • Gauriac : maisons troglodytes et quais anciens sur l’estuaire

Ces villages sont souvent labellisés "Villages de pierre et d’eau" par le Département, qui valorise leur architecture restaurée, leurs lavoirs, fontaines, et quais.

Châteaux et demeures remarquables à découvrir

Au-delà des monuments militaires, le territoire regorge de demeures vouées à l’habitat et à la vie viticole :

  • Château de la Grave à Bourg-sur-Gironde : édifice du XVI siècle d’allure classique
  • Château Robillard à Saint-Androny : propriété du XVIII abritant l’Office de Tourisme intercommunal
  • Château Monconseil-Gazin à Plassac : demeure vigneronne reconnue par la Route des Vins de Bordeaux
  • Château Eyquem à Valeyrac : propriété du célèbre navigateur Louis XVI.

La plupart de ces châteaux ouvrent leurs portes à la visite et organisent des dégustations, mêlant histoire et savoir-faire viticole.

Églises, chapelles et pèlerinages : la Haute Gironde religieuse

Le patrimoine religieux est omniprésent, avec plus de 30 églises romanes ou gothiques sur le petit territoire (source : Département de la Gironde). Parmi les plus remarquables :

  • Église Saint-Pierre de Plassac : mosaïques paléochrétiennes uniques en Gironde
  • Église Saint-Fortunat à Bourg : fresques et retable du XVII
  • Chapelle de Bayon à Saint-Seurin-de-Cursac

Au Moyen Âge, la Haute Gironde est fréquentée par les pèlerins en route vers Compostelle. Des éléments de l’ancien chemin de Saint-Jacques y subsistent, notamment des croix et bornes.

Le vignoble haut-girondin : histoire et lieux emblématiques

L’histoire du vignoble est indissociable du patrimoine local. Dès l’époque romaine, la culture de la vigne se développe et, au XVIII siècle, l’essor du « Blayais » et du « Bourgeais » conforte la réputation de la région. En 1828, le département produit près de 660 000 hl de vin, dont une part significative provient de la Haute Gironde (source : Archives Départementales de la Gironde).

Parmi les domaines emblématiques :

  • Maison des Vins de Blaye, installée dans la citadelle
  • Vignobles de la Route des Vins Bordeaux-Blaye-Bourg
  • Ancienne tonnellerie Gauriac

La confrontation avec le phylloxéra à la fin du XIX a favorisé une diversification des cépages et des pratiques (Cabernet, Merlot, Malbec). Le patrimoine viticole se lit dans les chais, portes-cochères, enseignes de négociants, pressoirs, et caves voûtées.

Patrimoine militaire et impact sur le paysage

Au-delà de la citadelle de Blaye, la Haute Gironde affiche une tradition défensive ancienne. Vauban a complété son système avec le fort Paté sur son île et le fort Médoc (en face, rive gauche). À la Seconde Guerre mondiale, plusieurs blockhaus et batteries, notamment à Étauliers et Saint-Ciers-sur-Gironde, témoignent de l’importance stratégique de l’estuaire.

Dans le paysage, on retrouve encore des fossés, levées de terre et ouvrages en pierre qui caractérisent un espace longtemps organisé pour la surveillance, la défense du territoire, l’assurance de la circulation des hommes et des biens.

Musées, espaces d’interprétation et mémoire vivante

Plusieurs structures permettent d’explorer localement l’histoire et le patrimoine :

  • Musée d’Art et d’Archéologie de Blaye : collections archéologiques, objets gallo-romains, maquettes de la citadelle
  • Centre d’Interprétation de l’Estuaire à Bourg : expositions sur la vie fluviale et l’histoire viticole
  • Maison du Patrimoine à Plassac : mosaïques gallo-romaines, histoire villageoise
  • Maison du Vin de Bourg : espace œnologique et ethnologique
  • Mini-musée des Métiers d’Autrefois à Saint-Ciers-sur-Gironde

En période estivale, ces structures proposent des ateliers, des visites guidées et des rencontres avec les habitants ou les descendants de vignerons et de marins, véritables passeurs de mémoire.

Savoir-faire et métiers d’art d’hier et d’aujourd’hui

La Haute Gironde préserve et valorise des métiers liés au vin, à la pierre, au bois, au cuir ou au textile. Parmi ces savoir-faire :

  • La tonnellerie (fabrication de barriques) : plusieurs artisans indépendants perpétuent ce métier traditionnel, avec des productions exportées dans le monde entier.
  • La taille de pierre : encore pratiquée pour la restauration du bâti ancien.
  • Le travail du cuir (anciens ateliers de ganterie et de bourrellerie, Saint-Androny, Saint-Ciers).
  • La viticulture d’art : animation de visites des caves et expositions de photos anciennes dans les chais.
  • Lutherie, céramique et métiers d’art contemporain : ateliers ouverts dans les villages, souvent à l’initiative d’artisans d’art nourris de la tradition locale.

Ces métiers, objets d’ateliers et de visites lors des Journées Européennes du Patrimoine, témoignent d’une transmission active et d’un ancrage local fort, assurant la vitalité patrimoniale du territoire.

Un patrimoine à hauteur d’homme et de paysage

L’histoire de la Haute Gironde ne se résume pas à une succession de dates ou de monuments ; elle s’inscrit dans un territoire vivant, où l’estuaire, la vigne, la pierre et les gestes d’artisans ont dessiné des paysages uniques. Explorer ce patrimoine, c’est comprendre une artère historique du Sud-Ouest, sentir les influences de l’Aquitaine et du Poitou, et découvrir la diversité d’un pays discret, ouvert à la curiosité de celles et ceux qui prennent le temps d’en écouter l’écho.

Pour approfondir :

  • Base Mérimée, Ministère de la Culture
  • Archives Départementales de la Gironde
  • UNESCO – Réseau des sites majeurs de Vauban
  • Office de tourisme de Blaye et Bourg

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