Comprendre la richesse des zones humides en Haute Gironde

Entre estuaire de la Gironde, rivières et forêts, la Haute Gironde possède un patrimoine naturel d’une grande diversité. Les marais et zones humides y sont essentiels, tant pour les écosystèmes locaux que pour la qualité de vie des habitants. Ils forment des milieux vivants et changeants, alliés précieux contre l’érosion ou les inondations et réservoirs de biodiversité.

Dans ce secteur du nord de la Gironde, ces territoires humides sont nombreux mais parfois méconnus, du célèbre marais de Braud-et-Saint-Louis jusqu’aux zones plus discrètes proches des coteaux de l’Estuaire. Les visiter, c’est entrer dans l’intimité des paysages locaux et comprendre leur rôle. Voici un panorama, concret, des principaux sites accessibles, de leur intérêt scientifique ou paysager, avec des conseils pour en profiter au mieux.

Les marais de Braud-et-Saint-Louis : le cœur humide de la Haute Gironde

Situés au nord-ouest du territoire, les marais de Braud-et-Saint-Louis forment le plus grand ensemble de zones humides de Haute Gironde. S’étendant sur plus de 2000 hectares, ils forment une mosaïque exceptionnelle de prairies inondables, de roselières et de canaux, naturellement alimentés par l’estuaire de la Gironde.

  • Où ? À Braud-et-Saint-Louis, sur la rive droite de la Gironde, entre Saint-Ciers-sur-Gironde et le Bec d'Ambès.
  • Pourquoi y aller ? Pour son vaste espace de nature préservée, sa faune abondante (bécassines, hérons, cigognes blanches au printemps…), et ses usages agricoles liés à l’eau (fauchage, pâturage).
  • À ne pas manquer :
    • La Maison de la Nature, pôle d’accueil et d’expositions pour comprendre l’histoire et le fonctionnement des marais (Terres d’Oiseaux).
    • Le sentier sur pilotis offrant des points de vue privilégiés sur la zone humide et ses oiseaux.
    • Des sorties naturalistes organisées régulièrement, notamment au printemps et en automne par le Parc Naturel Régional et la LPO.
  • Accès : Parking, tables de pique-nique, accès PMR sur certains tronçons.

Ces marais jouent un rôle de filtre naturel et de zone-tampon lors des crues, stockant des centaines de milliers de mètres cubes d’eau à chaque grande marée ou après de fortes pluies (source : Préfecture de Gironde).

Marais de Blaye, Saint-Paul, Prignac-et-Marcamps : entre vasières, prairies et histoire

Autour de Blaye et Bourg, le paysage s’ouvre sur de vastes zones humides structurées par l’estuaire, la Dordogne et leurs affluents. Entre le site UNESCO et les villages viticoles, les marais témoignent d’une histoire de migrations fluviales, drainages, luttes contre les inondations, et, aujourd’hui, d’enjeux écologiques majeurs.

  • Les marais de Blaye : facilement repérables en descendant vers le port depuis la citadelle, ils couvrent près de 500 hectares, dont une grande partie en zone Natura 2000. On y croise des limicoles, le butor étoilé (rare et protégé), et, à la belle saison, des chevaux camarguais utilisés pour l’entretien écologique.
  • Le marais du Grand-Touron à Saint-Paul : un lieu vivant où se mêlent activité agricole, lagunes, plans d’eau, frênaies. Accessible via le sentier pédagogique, il propose des panneaux d’interprétation et offre, très tôt le matin, de belles lumières sur les roselières.
  • Les zones humides de Prignac-et-Marcamps : caractérisées par des bras morts de la Dordogne, elles servent de refuges à la faune piscicole (brochets, sandres) et d’abri à un nombre remarquable de batraciens au printemps.

Ces espaces constituent des corridors écologiques essentiels et sont régulièrement concernés par des suivis ornithologiques coordonnés par la LPO Nouvelle-Aquitaine et le PNR Médoc.

Marais de Plassac et des alentours de Bourg : l’Estuaire au plus près

La zone située entre Plassac, Lansac, Saint-Trojan et Bourg regroupe plusieurs petites zones humides typiques appelées localement « boires » ou « palus ». Souvent encaissées dans les creux des coteaux, elles forment des milieux à la fois doux et sauvages, nourris par les crues de la Dordogne et les eaux salées de l’Estuaire selon les marées.

  • Intérêt : Paysage très ouvert, observation des oiseaux, flore typique (iris, roseaux, massettes), vestiges de petits ports et d’anciens moulins à eau ou à vent.
  • Accès : De nombreux chemins de halage permettent d’approcher ces marais à pied ou à vélo, notamment le sentier de randonnée reliant Plassac à Bourg.
  • Anecdote locale : À Plassac, la « Gravière » — ancienne zone d’extraction de sable reconvertie en réserve ornithologique et en zone de pêche (carpes, sandres, ablettes…), attire de nombreux locaux à la belle saison.

Ces marais sont parfois gérés collectivement par les communes ou des associations pour maintenir l'équilibre entre tradition agricole (pâturages, foin) et sauvegarde du milieu naturel. Une gestion souvent délicate à cause de l’envahissement des saules et ronces ou de la remontée du sel lors de sécheresses extrêmes (source : Département de la Gironde).

Les zones humides du Cubzaguais : découvertes en amont de Saint-André-de-Cubzac

Plus au sud, la région autour de Saint-André-de-Cubzac offre des paysages différents mais tout aussi marqués par l’eau : prairies humides, fossés, petits marais boisés. Peu connues, ces zones remplissent pourtant des fonctions hydrauliques clés sur le bassin de la Dordogne aval.

  • Autour de la Mouline : Cette zone, entre Cubzac et Saint-Gervais, est traversée par un réseau complexe de fossés. Fréquentée par une avifaune riche (hérons, busards, canards), elle forme l’une des premières étapes de l’itinéraire migratoire le long de la Dordogne.
  • Le marais de la Barge : Proche de Saint-André-de-Cubzac, il accueille régulièrement des stages nature pour les scolaires, et est idéal pour découvrir de près la dynamique d’écosystèmes liés à la régulation des crues.

Moins spectaculaires qu’un grand marais estuarien, ces petites unités humides sont précieuses pour l’alimentation des nappes phréatiques et la dépollution naturelle de l’eau (source : Syndicat Mixte d’Études et d’Aménagement de la Garonne).

Pourquoi protéger ces zones et comment les visiter sans les abîmer ?

  • Rôle écologique : Les zones humides abritent, selon le Muséum national d’histoire naturelle, 30% des espèces végétales remarquables de France pour moins de 2% du territoire national. En Haute Gironde, elles servent aussi d’abri temporaire à plus de 200 espèces d’oiseaux observées sur certains sites au fil d’une année.
  • Lutte contre les inondations et le réchauffement : Les marais sont des éponges naturelles qui atténuent les crues et stockent du carbone.
  • Traditions et savoir-faire : Des pratiques anciennes, comme la coupe du roseau ou la gestion raisonnée du pâturage, se perpétuent ou sont remises au goût du jour par des associations locales — par exemple au sein du site Terres d’Oiseaux.

Pour visiter ces sites, adopter une attitude respectueuse est essentiel : rester sur les sentiers (pour éviter le piétinement des nids d’oiseaux ou la dégradation de plantes rares), privilégier les sorties en dehors des périodes de nidification (mars à juin), et observer la faune à distance.

Côté équipement, des jumelles sont souvent plus utiles qu’un appareil photo sophistiqué, surtout tôt le matin ou en fin de journée quand les animaux sont les plus actifs. De nombreux parcours sont praticables à vélo, mais il existe des zones inondables presque toute l’année : chaussures imperméables souvent recommandées.

Ressources pratiques pour préparer sa visite

  • Cartes et informations spécifiques : Le site Gironde Tourisme recense plusieurs parcours thématiques et donne accès à des cartes interactives locales.
  • Pour les familles : La Maison de la Nature à Braud-et-Saint-Louis propose des ateliers et sorties dédiés aux enfants pendant les vacances scolaires.
  • Pour les groupes ou écoles : LPO, Parc Naturel Régional Médoc, associations locales (Cistude Nature, Nature Environnement 17) organisent régulièrement des visites guidées ou des animations sur site (agenda à consulter sur leurs sites respectifs).
  • Carnet d’observations : Pour les amateurs d’ornithologie, signaler ses observations peut contribuer à l’amélioration des connaissances locales : plateforme Faune-Aquitaine.
Site Superficie Accès Public Particularités
Braud-et-Saint-Louis (Terres d’Oiseaux) +2000 ha Oui Sentiers sur pilotis, observatoires, Maison de la Nature
Blaye ~500 ha Oui Marais de l’Estuaire en zone Natura 2000
Prignac-et-Marcamps env. 100 ha Oui (sentiers) Frênaie humide, bras morts de la Dordogne
Plassac/Bourg Éparse Partiel Zones de boires, port ancien, gravière reconvertie
Saint-André-de-Cubzac Inconnue Non balisé Marais boisés, fossés, biodiversité cachée

Vers une Haute Gironde à (re)découvrir à travers ses marais

Les zones humides, trop longtemps délaissées ou perçues uniquement comme des terres à gagner sur l’eau, reprennent aujourd’hui leur place dans le paysage girondin. Leur exploration, discrète et patiente, est une porte ouverte sur la complexité de la nature locale, entre mémoire d’un territoire, adaptation et fragilité. La Haute Gironde y trouve une identité singulière, où chaque sortie dans un marais ou une palu devient l’occasion d’apprendre autrement, d’observer, et de mieux comprendre les équilibres entre l’homme et son environnement.

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