Entre estuaire, vallons et plateau landais, la Haute Gironde abrite une diversité de paysages où les forêts occupent une place singulière. Celles-ci couvrent environ 30% du territoire, soit près de 35 000 hectares, d’après les données de la Chambre d’Agriculture de Gironde (2021). Mais au-delà des chiffres, ces massifs – qu’ils soient denses ou épars, publics ou privés – offrent pour la plupart des possibilités réelles de promenade, de découverte patrimoniale ou d’observation de la biodiversité.
Contrairement à la grande forêt usagère du bassin d’Arcachon, ici le tissu forestier se présente sous forme de bois, de taillis, de forêts de pins, chênes ou châtaigniers, émaillés de sentiers historiques, de sites naturels préservés et d’aménagements rendant la nature plus proche, même pour les visiteurs occasionnels ou les familles.
À ce jour, la Haute Gironde ne compte pas de « grande forêt domaniale » ouverte comme celles de la Double ou du Médoc. Mais plusieurs espaces remarquables se démarquent pour leur accessibilité et leur intérêt naturel ou historique.
Moins connue que sa « cousine » de Pessac, la forêt dite du Bourgailh (à ne pas confondre avec le site de l’agglomération bordelaise) s’étend au nord de Saint-André-de-Cubzac : elle offre plus de 200 hectares de massifs mixtes, mêlant pins, chênes et taillis clairs, avec plusieurs accès possibles via la D18 ou depuis le centre-bourg. Lieu privilégié pour les promeneurs locaux, elle fait l’objet d’animations régulières du CPIE Pays de Serres-Vallée de la Dordogne. Des sentiers balisés, accessibles aux familles (sentier « boucle verte » de 2,7 km, cheminements partagés VTT/pédestre) sont entretenus par la communauté de communes Latitude Nord Gironde.
Autour de la citadelle (classée UNESCO) et sur la zone dite de La Roque de Thau, plus de 80 hectares de forêts et de clairières constituent le « poumon vert » de Blaye. On y trouve un parcours nature pédagogique, aménagé avec des panneaux sur la faune, la flore et l’histoire locale, parfait pour une balade à la demi-journée. Une particularité : le cheminement au bord de l’estuaire permet d’observer de nombreux oiseaux nicheurs ou migrateurs – hérons, aigrettes, voire balbuzards pêcheurs au printemps (source : Observatoire FAUNE-AQUI).
Plusieurs communes de Haute Gironde entretiennent ou valorisent leurs forêts communales, ouvertes librement aux visiteurs. Parmi les plus accessibles où la signalétique locale est soignée :
Ce massif de pins maritimes, d’une centaine d’hectares, occupe un plateau sableux réputé pour ses orchidées sauvages au printemps (on a recensé jusqu’à 12 espèces sur le secteur – sources : Groupe botanique de Gironde). Accessible par la D669, avec un parking en lisière, il offre des sentiers faciles, sans dénivelé, adaptés aux familles et PMR sur la boucle principale (3,2 km).
Situé à la limite nord du Blayais, sur la Route Départementale 137, ce bois communal totalise près de 60 hectares. Un sentier santé, entretenu et partiellement accessible aux personnes à mobilité réduite, traverse une futaie mêlée de pins et de chênes. De petits étangs de loisirs bordent le parcours, prisés localement pour l’observation de libellules et d’oiseaux.
En bordure des coteaux de Bourg, ces petits boisements sont ouverts via un réseau de chemins ruraux longeant les vignes. Ils séduisent par leur charme paysager, la diversité des essences (carpinus, chênes sessiles) et la vue remarquée sur l'estuaire à plusieurs points.
| Nom de la forêt/boisement | Commune(s) | Surface estimée | Spécificités | Équipements | Facilité d’accès |
|---|---|---|---|---|---|
| Forêt du Bourgailh | Saint-André-de-Cubzac, Cubzac-les-Ponts | ~200 ha | Mixte (pins, chênes), animations nature | Parking, sentiers balisés, panneaux | Haute (proximité bourg, accès routier) |
| Bois de la Citadelle / Roque de Thau | Blaye | ~80 ha | Chemins pédagogiques, oiseaux, vue estuaire | Panneaux, bancs | Haute (centre-ville, accès PMR partiel) |
| Forêts communales Blayais | Saint-Palais, Saint-Trojan... | 50 à 120 ha | Sous-bois, sentiers entretenus | Parking, aire pique-nique | Haute (chemins larges, signalétique) |
| La Braconne | Prignac-et-Marcamps | ~100 ha | Pins, orchidées, balisage | Parking, panneau d’entrée | Moyenne (proximité route, traversée possible) |
| Bois d’Anglade | Cavignac, Saint-Mariens | ~60 ha | Futaie, étangs, chemin santé | Parking, parcours santé | Haute (accès simple, sentiers plats) |
| Bois du Sablon | Bourg-sur-Gironde | ~45 ha | Bocage, points de vue vignes-et-estuaire | Panneau d’infos, bancs par endroit | Moyenne (accès sentier rural, dénivelés) |
Les boisements locaux, loin d’être de simples lieux de passage, représentent des réservoirs de biodiversité : la Haute Gironde accueille plusieurs espèces protégées, comme le pic mar (dans les chênaies), de nombreuses chauves-souris dans les grottes proches ou les vieux arbres, et près de 30 espèces d’orchidées sur l’ensemble du territoire (source : Conservatoire Botanique Sud-Atlantique). Pour les passionnés d’histoire, les sentiers autour de Blaye révèlent d’anciennes cadoles, vestiges de la vigne, ou des vestiges liés à l’industrie du bois du XIXe siècle.
Autre atout : l’ancrage local. Les circuits sont souvent entretenus par les habitants ou des associations ; des événements saisonniers mettent ces espaces en valeur : sorties mycologie, visites guidées, fêtes de la forêt ou landes du Blayais (ex. Fête de la Nature au printemps à Saint-Palais).
Aujourd’hui, le patrimoine forestier de Haute Gironde connaît des mutations : remontée du pin maritime sur d’anciens terroirs agricoles, développement de projets forestiers participatifs (exemple : reboisement citoyen à Marcamps), préoccupations grandissantes pour la gestion durable et la résilience face aux sécheresses et feux. L’essor d’itinéraires adaptés au grand public, la reconnaissance de corridors écologiques, mais aussi les enjeux de l’agriculture forestière, rendent visible l’importance de ces paysages dans la vie quotidienne, la santé et le bien-vivre local.
Explorer les forêts accessibles de Haute Gironde, c’est s’immerger dans un paysage vivant et préservé, riche d’une histoire rurale et sylvestre souvent discrète mais essentielle au territoire. La carte des sentiers s’enrichit chaque année de nouvelles initiatives, témoignant d’une dynamique où nature et patrimoine vont de pair.