Panorama des principaux espaces protégés en Haute Gironde
1. Le marais de Braud-et-Saint-Louis : un noyau de biodiversité
Au nord du territoire, le marais de Braud-et-Saint-Louis s’étend sur près de 2000 hectares entre la petite commune du même nom, Saint-Ciers-sur-Gironde et l’étang du Blayais. Ce vaste ensemble de prairies inondables, bocages et plans d’eau est au cœur d’un dispositif Natura 2000 (source INPN).
- Zone de halte et de nidification pour plus de 180 espèces d’oiseaux (busards, cigognes noires, canards souchets, hérons pourprés).
- Fisètes d’orchidées rares et de libellules remarquables (agrion de Mercure, cordulie à corps fin).
- Parcours accessibles : sentier pédagogique de la réserve ornithologique du Blayais, observatoire, panneaux explicatifs.
Ce marais, jadis exploité pour la production de foin (et la chasse à la hutte), est aujourd’hui le théâtre d’expérimentations pour la gestion de l’eau et une agriculture extensive. La préservation du site dépend d’une gestion hydraulique fine, surtout face au changement climatique (réchauffement, sécheresses et salinisation).
2. Les îles de l’estuaire : refuges fragiles
L’estuaire de la Gironde est jalonné d’îles et îlots, comme l’île Verte, Nouvelle, Margaux (en face de Cussac) ou Bouchaud, pour certaines accessibles en bateau ou lors de sorties organisées. Plusieurs bénéficient d’un classement à divers titres :
- Ile Nouvelle (en face de Blaye) : gérée conjointement par le Conservatoire du littoral et le Conseil départemental, elle est ENS et site Natura 2000. Elle accueille de mai à octobre près de 10 000 visiteurs pour ses sentiers, expositions, points d’observation de la faune (hérons, aigrettes, cistudes), et ateliers nature (Gironde Tourisme).
- Ile Verte (Val-de-Livenne) : inhabitée, visée par des mesures de protection pour ses roselières et colonies de chauves-souris.
- L’ensemble des îlots est en ZNIEFF de type 1 (espèces végétales halophiles, nids de sternes, etc.).
Chaque île a sa dynamique, le Conservatoire du littoral veille à la restauration des habitats, limite l’accès en cas de nidification et anime des sorties guidées en saison.
3. Les coteaux calcaires et pelouses sèches : floraisons rares
Le relief du territoire n’est pas plat. À Saint-André-de-Cubzac, entre Bourg, Tauriac, Pugnac et jusqu’à Saint-Germain-de-la-Rivière, affleurent des coteaux et falaises calcaires, classés pour leur florescence singulière. Ils bénéficient de mesures Natura 2000 (Natura 2000) :
- Pelouses sèches hébergeant plus de 200 espèces végétales, dont des orchidées mieux représentées qu’ailleurs en Gironde (ophrys abeille, orchis bouc).
- Reptiles et insectes d’intérêt : lézard ocellé, papillon azuré du serpolet.
- Enjeux de gestion : maintien du pâturage extensif pour éviter l’enfrichement, lutte contre la prolifération d’espèces invasives.
Certains sites sont ponctuellement ouverts lors de sorties botaniques. Les falaises (ex : près de Lansac) sont aussi fréquentées par des grimpeurs, dont l’activité est encadrée pour éviter le dérangement en période de reproduction.
4. La forêt de la Double Girondine : poumon vert méconnu
À la lisière sud-est de la Haute Gironde, la forêt de la Double Girondine, modeste par sa surface (moins de 4000 ha sur le département) comparée à sa sœur en Dordogne, possède quelques parcelles classées ENS et ZNIEFF (INPN).
- Boisements humides, étangs et landes, biodiversité inféodée aux milieux humides (grenouilles, tritons, nombreux champignons typiques de la Double).
- Fréquentée pour la randonnée, le VTT (sentiers balisés autour de Laruscade, Marcenais).
- Patrimoine culturel associé : « "fuie" » (pigeonnier forestier), micro-toponymes anciens.
La valeur écologique de la Double vient de la juxtaposition de boisements naturels, de mares et de terroirs restés pauvres, offrant des refuges à des espèces disparues ailleurs.
5. Les marais protégés du Cubzagais et du Bourgeais
Entre Gauriaguet, Prignac-et-Marcamps et Aubie-et-Espessas, d’anciens marais, aujourd’hui en grande partie drainés, sont encore identifiés ZNIEFF de type 1, en particulier pour leurs mosaïques de prairies, de canaux et de fossés, habitats d’amphibiens, de libellules et de quelques espèces emblématiques comme la loutre d’Europe et la cistude.
- Zones périodiquement inondables, nécessitant une gestion hydraulique complexe pour maintenir l’équilibre.
- Frange écologique et agricole, car souvent en prairie pâturée ou fauchée tardivement.
- Accès parfois restreint (nombreuses propriétés privées).
Ce sont les milieux où la biodiversité dépend le plus d’une agriculture extensive et de pratiques traditionnelles, avec des menaces sur leur équilibre dues à l’urbanisation diffuse et à l’artificialisation des terres.